Le 3 août 2014, l’ISIS (Islamic State of Iraq and Syria), envahit le Sinjar, région du nord de l’Irak à la frontière de la Syrie.
Cette région est le foyer d’une grande majorité de Yézidis. Cette minorité ethnique a été, à l’arrivée de l’état islamique, victime d’un crime génocidaire, poussant près de 200 000 personnes à l’exil. Si certains ont fui à l’étranger et notamment vers les Etats-Unis et l’Allemagne, beaucoup d’entre eux ont trouvé refuge au Kurdistan.
La vie est au ralenti dû aux fortes chaleurs, mais la vie est là. Le camp est fait de tentes uniquement, mais une fois les fils barbelés passés on y trouve des baraques en dur et parfois même de petits jardins ombragés où sont cultivés fleurs et arbres fruitiers.
Désormais, leur vie est là. Celle d’avant dans le Sinjar n’existe plus. Hormis le traumatisme, il ne reste plus rien de leur vie passée. Désormais, leur vie est dans ce camp, à l’abri, en sécurité comme on me l’explique chaque fois que j’évoque un éventuel retour sur leur terre.
Si aujourd’hui le gouvernement irakien a repris le contrôle de toutes les zones autrefois aux mains de l’état islamique, la zone est toujours en proie à de nombreux conflits due à la présence de combattants du PKK, ce qui rend un retour inenvisageable pour la communauté yézidie. Par peur évidemment, et puis car « ils n’ont laissé que les murs » m’explique-t-on.
Il y a les adultes et jeunes adultes empreints de ce traumatisme indescriptible, indicible, qui ont au sein du camp, retrouvé un semblant de normalité : un travail, une scolarité, une vie. Et puis il y a les très jeunes, nés ici, qui n’ont connu jusqu’alors que la vie du camp.
Si aujourd’hui la communauté est en sûreté, une autre menace pèse sur eux : celle de la fermeture des camps. Baghdad s’était donné comme date butoir le 30 juillet 2024 pour la fermeture des derniers camps de déplacés. Toutefois, selon le ministre kurde de l’Intérieur, celle-ci ne devrait pas avoir lieu tant que la région du Sinjar ne sera pas sûre et tant que les services minimums ne seront pas assurés.
Mais combien de temps encore avant que les Yézidis ne soient à nouveau forcés à l’exil ?
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